"chroème" ? (en fait c'était "chorème")

Dans le fil de présentation de Yann, Homogeographicus écrivait :

Citation :

L'idée de classifier les villes (peu importe la méthodo au fond AFC + chroème) semble effectivement très interessante car il cherchait alors à comprendre si la taille de la ville (en qq sorte) était peu ou prou liée à la fonction portuaire

Que je ne meure pas idiot : c'est quoi un chroème ? ( un rapport avec khroa, la peau ?).

Je suppose que ça va dans cette section...

Je déplace dans la bonne section

Ce n'est pas "chroème" mais "chorème", il s'agissait d'une faute de frappe.
Les chorèmes, ce sont des représentations simplifiées d'espaces géographiques sous la forme de dessins géométriques qui vont faire ressortir les structures spatiales.

En gros, c'est un truc qui te dit des insultes comme ça : http://flodemon.club.fr/choreme.htm

C'est un machin (je n'ose appeler cela méthode ou concept) issu de l'école géographique de Montpellier (et qui s'oppose à Saint-Denis là-dessus ; les deux facs se font ou se faisaient la guerre régulièrement), c'est une invention, il me semble, de Roger Brunet. Ca apparaît régulièrement dans la revue L'Espace Géographique (j'espère ne pas me tromper de revue... c'est bien celle-là celle de la Maison de la Géo de Montpellier ?).

Du coup, un pays comme le Pérou (dans le lien que j'ai donné) apparaît comme un triangle. La Corse aussi. C'est une simplification à l'extrême que, pour ma part, je désapprouve dans son essence même. Mais d'autres ne seraient pas d'accord avec moi.

(voici l'Espagne et le Portugal en chorème : http://www.ac-nancy-metz.fr/enseign/hist-geo/EspacePeda/LYCEE/Christophe/Espagne/mode.htm )

Ah d'accord.....

"Chorème", ah bin oui maintenant que tu le dis, je connais.

J'étais tellement obsédé par mon "chroème"...

J'avais complètement oublié ce mot mais j'ai bien étudié la chose en hypokhâgne (premier chapitre de l'année "qu'est-ce que la géographie", partie II "Géographie et représentation", sous-partie A "typologie", sous-sous-partie 2. Systèmes para-cartographiques, sous-sous-sous-partie bêta "tendances récentes", sous-sous-sous-sous-partie aleph "les chorèmes" sous-sous-sous-sous-sous-partie क "exemples"- c'était un prof qui amait beaucoup les plans "en fractales").

Mon prof était aussi dubitatif que toi ; il résumait la chose en disant, je m'en souviens "ça consiste à faire un schéma très compliquer pour prouver que le Cameroune est pauvre et que la Suisse est riche".

Desolé de jouer un peu les troubles fete mais je desapprouve quand même votre attitude.
Parce que R.Brunet est peut être à l'origine des chorèmes (désolé effectivement pour la faute de frappe) qui aujourd'hui sont un peu mis en défaut par certains.
L'idée en elle même est loin d'être idiote et à l'époque (1960-1970) c'était une vraie révolution : on est passé de la conception completement aristotélicienne du monde à une vision plus scientifique en géo (Nouvelle géo) et rien que pour ca, il faut remercier ce grand Monsieur.
Bien sûr, le chorème c'est un peu utopique (conception platonicienne) mais finalement quand on fait de l'analyse spatiale maintenant, c'est un peu comme si on faisait des chorèmes mais on y a jouté des modèles mathématiques derrières et des calculs dans les SIG (ces calculs, on les voit pas mais en fait c'est de la géométrie analytique faite par l'ordi). Donc si on reste comme ca, on aura toujours une vision spatiale et non territoriale

L'Espace géographique, je ne sais pas si c'est la revue de montpellier, mais ce qu'il y a de sur, c'est qu'ils aiment beaucoup les chorèmes, les modèles et que Roger Brunet en est le fondateur...

Y a quelques temps, il y a eu un article qui présentait le concept d'acceptance, issue de la psychologie sociale allemande et réutilisée par les géographes allemands pour étudier les parcs nationaux de l'ex-Allemagne de l'Est. Les auteurs montraient que l'on pouvait faire apparaître un cratère de l'acceptance, représentant le degré d'acceptation du PN en fonction de la distance à celui-ci.

En décembre 2005, un de mes enseignants de l'université de Savoie, Lionel Laslaz pour ne pas le citer, a soutenu sa thèse sur les zones centrales des Parcs Nationaux alpins français, et il pensait que ce modèle de cratère de l'acceptance ne pouvait s'appliquer aux PN qu'il avait étudié (Vanoise, Ecrins, Mercantour)...

Si Roger Brunet n'avait pas créé les chorèmes, comment ferions-nous pour représenter les concepts de la géographie?
J'ai rapidement étudié en cours l'évolution des réprésentations dans les manuels scolaires: en 6°, la coupe de Paris est réalisée en utilisant des figurés concrets (tour eiffel, montparnasse...) pour les élèves. Plus les élèves progressent, plus les manuels intégrent l'idée des chorèmes et représentent les représentations mentales des élèves de manière abstraite.

Roget Brunet, c'est comme Jean Gottmann ou Elisée Reclus, ils sont sans doute parmi les plus grands géographes français, mais ils n'appartenaient pas au cénacle parisien, et en particulier à la Sorbonne.
Leur défaut c'ést d'avoir eu de l'intuition et des idées.
Pour en revenir aux chorèmes, il s'agit d'un mode de pensées dépassé. La géographie a connu un changement de paradigme au cours des dix dernières années qui a totalement remis en cause cette approche nomothétique de l'espace (ce qui est peut-être une erreur), elle s'oriente désormais vers les sciences herméneutiques, la géographicité de l'homme avec comme emblème Eric Dardel ou Augustin Berque. Pour faire court, on est passé d'une approche marxiste à une approche sociale de la géographie.
Pourtant, pour reprendre l'idée développée par Norbert Elias à propos d'un autre sujet, il me semble que l'on devrait davantage opérer pour un balancier, une sorte de mouvement pendulaire entre les deux, partir du pattern des données pour aller vers une vision synoptique et vice versa... Enfin, c'est l'histoire des sciences qui veut çà, après le flux vient le reflux, et l'on brûle ce que jadis on a porté aux nues.