qu'est-ce que la nature

un espace naturel est souvent défini en géographie comme un espace n'ayant subi aucune modification d'origine anthropique. Mais qu'est-ce qui nous permet d'exclure l'Homme de la nature? L'Homme n'est-il pas un des éléments constitutifs des écosystèmes et de la nature?

Il est sûr que tout dépend de l'échelle. On peut difficilement exclure l'action anthropique si on considère que l'Homme a "modifié", même partiellement, la dynamique climatique de la planète ; par action indirecte, cette modification fera un lien entre l'Homme et un espace naturel.

C'est pour ça, justement, que les géographes, plus que de définir l'espace naturel, tendent généralement à en rejeter le concept. On ne parle guère d'espace naturel, ou on l'emploie avec une dose de précautions, par commodité je dirais, pour désigner des espaces où l'action anthropique ne s'est pas exercée directement : pas de structure humaine, géographique ou historique, visible ou perceptible dans le paysage. Les géographes parlent, en revanche, de climax, pour désigner des milieux à l'état "originel", si tant est que cela puisse exister. La nature serait alors soit, pour être strict, une chose déjà dépassée géographiquement parlant, soit, pour être commode et compris des autres, partout où l'homme n'est pour ainsi dire jamais passé en laissant des traces, où il ne s'est pas installé de façon durable dirons-nous. C'est une dialectique entre compréhension universelle et nécessités de la rigueur qui joue dans l'utilisation de ces termes de "nature" et d'espaces naturels.

L'échelle est importante. Imagine-toi dans un désert qui n'a jamais vu d'homme. Tu poses le pied sur une dune, du sable vole, tu tombes, des formes restent pour attester de ta chute ; doit-on parler de modification du milieu naturel ? Un milieu naturel qui va d'abord effacer tes traces (mais le propre effacement suggère : le sable utilisé pour combler le creux de ta chute serait parti ailleurs si tu n'étais pas là) ; et puis qui va poursuivre comme si tu n'avais pas été là. Je pense qu'il faut réfléchir dans ces termes, et selon différentes échelles temporelles et géographiques, pour appréhender la chose. En appliquant mes dires à des groupes humains de différentes tailles.

Qu’est ce que la nature, tout dépend de la discipline dans laquelle on se place. Est-ce celle des biologiste ou une autre.
Moi je serais preneur de la Nature d’Aristote. Autrement dit, la Nature est pour ce dernier et c’est finalement un point de vue universel, le synonyme de monde. En tous c’est ce que le maître de l’Histoire nous enseigne. La philosophie aristotélicienne n'existe que par la causalité. Autrement dit la Nature n’est que mouvement. Le père de la géomorphologie nous apprend que la causalité est non seulement infinie dans son origine mais dont l’entéléchie est paradoxalement finie.
Que doit on en conclure ? Que Aristote est naturellement dans l’erreur car Leibniz montre aisément que l’entéléchie est infinie. Que dire d’autre sinon que la Nature est celle des Lumières et non celle des grecs.
Le géomorphologue ne serait-il pas finalement tout simplement un géologue ou si tel n’est pas le cas, il est dans l’erreur. A priori, l’a géographie purement naturelle au sens de déterminisme est assurément inhumaine donc non géographique…

Je pense que Florian demande ce qu'est la nature pour le géographe, et ne se place pas du point de vue du philosophe ou biologiste.

Miguel a écrit:

Je pense que Florian demande ce qu'est la nature pour le géographe, et ne se place pas du point de vue du philosophe ou biologiste.

Attention Miguel, le géographe se définit comme un réthoricien donc il est à juste titre aussi philosophe

N'étant pas d'accord avec toi sur ta dernière affirmation, je préfère éviter le débat sur la "définition du géographe" à l'intérieur d'un fil qui pose une question sur le rapport Homme - nature d'une manière relativement concrète. Je laisse le soin au demandeur, Florian, de réagir à nos réponses en fonction de sa propre sensibilité, et de poursuivre le débat / la réflexion.

Miguel a écrit:

N'étant pas d'accord avec toi sur ta dernière affirmation, je préfère éviter le débat sur la "définition du géographe" à l'intérieur d'un fil qui pose une question sur le rapport Homme - nature d'une manière relativement concrète. Je laisse le soin au demandeur, Florian, de réagir à nos réponses en fonction de sa propre sensibilité, et de poursuivre le débat / la réflexion.

Désolé pour cette interruption mais j'exercais ma rethorique, je vous laisse donc poursuivre sur vos propos empiriques

En prenant la def qui dit que la nature représente quelque chose que l'Homme n'a jamais modifié, sur lequel il n'a jamais eu d'impact, il paraît clair que la vraie nature n'existe plus. Dans la mesure où on considère la Terre comme un système global, tout interagit, n'importe quelle modification d'un paramètre d'un sous-système modifie les paramètres du système global...
Bon après, plus concrètement, la question des échelles se pose : c'est clair que la modification de la salinité d'un ruisseau français va pas agir sur le recouvrement de la taïga sibérienne par exemple. Il faut donc tenir compte de la capacité des écosystèmes à tamponner les perturbations, proportionnellement à leurs caractéristiques intrinsèques, et à celles de ladite perturbation. Dans ce cas, la nature (telle que je l'entends ici) existe bien.
Mais toujours au niveau de la question d'échelle, l'ampleur des perturbations auxquelles l'Homme soumet aujourd'hui le paysage (au sens écologique du terme) remet selon moi totalement en question la persistance d'une réelle nature quelque part sur Terre. Mais faut pas oublier que la nature se limite pas à la biosphère ! bon on sait bien que l'atmosphère morfle, mais la lithosphère, et globalement tout ce qui se passe sous nos pieds au delà des sols est à mon avis encore "naturel", du fait d'une inertie extrême face aux perturbations des facteurs des milieux de surface (dans l'idée d'un système planétaire global)...