La Géographie est fille de l’Histoire et ce depuis le IV siècle avant JC. Basée à l’origine sur le récit, elle s’en écarte à partir du I siècle après JC avec Ptolémée (150 après JC) et propose une approche scientifique platonicienne malheureusement utopique. Ce n’est qu’au XV siècle que la conception platonicienne sera remise en question par l’observation copernicienne.
En cela, Aristote permis d’avancer dans le sens de la vérité, et peut être considéré, à mon sens, comme le précurseur de la philosophie des Lumières.
La géographie ayant perdu son assise scientifique (véritablement utopique), s’est alors retranchée sur une position Antique du récit de voyage. A cela, est venue se juxtaposer une approche plus scientifique naturaliste, cette dernière ayant conduit à l’erreur déterministe du XIX ième siècle. Aussi, Vidal de la Blache, comme Hérodote, rectifia une position épistémologiquement intenable en proposant le possibilisme ; « la nature propose et l’homme dispose ». Vision, tout à fait réaliste de la fin du XIXième siècle mais rapidement, les développements des sociétés humaines et leur « technisation » croissante rendait cette approche de plus en plus obsolète. La Géographie, toujours fille de l’Histoire, ne pouvait plus exister ainsi. La « technisation » basée sur le calcul toujours plus pesante de la monnaie (la puissance de l’Economie), avec ses crises (1929) et ses guerres (1914 et 1939) donne encore aujourd’hui, et peut être plus qu’avant un monde unipolaire.
Face à Hérodote ou A.Smith, l’identité géographique depuis R. Brunet (1967) permet à notre discipline d’exister. Son action croissante basée sur la technique fait toutefois fi de la théorie. Considérant sans doute que le modèle est monétaire, le géographe se limite à l’examen minutieux des résidus des théories économiques. Sa conscience ancestrale le pousse à l’érudition quand la société le pousse vers l’action. Entre marteau et enclume, il ne parvient à trouver sa voie car raisonnant en Cyclope. L’histoire dominante dans sa conscience théorique le conduit à l’aristotélisme alors que la puissance théorique économique le limite à la production technique. Le géographe refuse ainsi l’avancée en niant la théorie géographique. Certains courants proposent toutefois un fonctionnement tout autre depuis les années 80 (D. Pumain, T. Saint Julien et L. Sanders). Cette approche fondamentale basée sur le formalisme s’est par la suite affirmée avec les travaux de P. Frankhauser (fractal 1994). Jugé comme étant un courant marginal dans notre discipline, il permet toutefois au géographe de prendre conscience de son existence théorique. Quel intérêt dira-t-on ? La théorie est véritablement le support de la recherche et souvent considérée comme utopique, elle est aussi parfois source d’erreurs manifestes comme je l’ai montré mais également l’amorce d’un processus applicatif prenant parfois du temps. Sans théorie, la géographie ne peut avancer et est condamné à employer des outils et des méthodes qui ne viennent pas d’elle. Aussi, a-t-elle encore un sens si le géographe n’est que le technicien de découvertes dans le domaine de l’informatique ou de l’Economie ?
Que peut on proposer d’autres ? Un replis sur soi et vers ses origines, à savoir la géographie du détail qui n’est finalement pas si éloignée du discours d’Hérodote.
Ecartelée de part et d’autres, elle devient marginale et sans sens car le géographe pourrait ainsi tout aussi bien être informaticien qu’Historien.